Habituellement, on recommande la mélatonine pour améliorer le sommeil.

Pourtant, les vertus antidouleurs de cette hormone naturelle sont tout aussi remarquables :

  • Arthrose : pour des patients souffrant d’arthrose du genou ou de la hanche, la prise de 3 mg de mélatonine diminuerait de 15 à 20% les douleurs et les raideurs au bout de 12 semaines. [1]
  • Syndrome du côlon irritable : plusieurs études montrent que les patients qui reçoivent 3 mg de mélatonine au coucher constatent une nette diminution de leurs douleurs abdominales. [2]
  • Migraines, maux de tête : 3 mg de la mélatonine réduirait la fréquence, la durée et l’intensité des douleurs. [3]
  • Mal de dos : la prise de 3 mg de mélatonine contribuerait à la diminution des douleurs au niveau du dos. [4]
  • Fibromyalgie : 10 mg de mélatonine serait aussi efficace que l’amitriptyline (Laroxyl) pour calmer les douleurs. [5]
  • Endométriose : prendre 10 mg de mélatonine diminuerait fortement les douleurs et améliore le sommeil. [6]

Aux Etats-Unis ou au Canada, vous pouvez vous procurer librement de la mélatonine sous forme de complément alimentaire. En France, aussi. Mais pas aux doses recommandées pour soulager la douleur.

Interdit en France

En 2011, Xavier Bertrand, alors Ministre de la Santé, a pris un arrêté qui limite la vente libre aux produits contenant moins de 2 mg de mélatonine.

Curieux hasard (ou pas ?), la majorité des études montrent un effet anti-douleur de la mélatonine à partir de… 3 mg par jour.

Du coup, si vous souffrez de douleurs, vous pouvez toujours vous procurer de la mélatonine et, en respectant les doses et les conseils d’usage (soit moins de 2 mg par jour au coucher), voir si cela vous apporte un soulagement. Ce n’est pas idéal mais cela peut valoir le coup d’essayer.

Sinon, contre la douleur, les laboratoires pharmaceutiques vous proposent un arsenal chimique particulièrement fourni – – à vos risques et périls.

Contre la douleur, choisissez votre poison

Les médicaments opioïdes prescrits par les médecins sont aujourd’hui la première cause de mort par overdose en France, avant même les drogues illégales. Avec plus de 500 décès chaque année, ils tuent davantage que l’héroïne et la méthadone réunies. Et encore, ces chiffres terribles, de l’aveu même des spécialistes, sont sous-évalués. Je précise que ces statistiques concernent des personnes malades suivies médicalement et non pas des toxicomanes. [7]

Vous avez ensuite les anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS), vendus massivement contre les rhumatismes. En France, plus de 50 millions de boites sont vendues chaque année. [8] Or, depuis 2015, l’Académie de médecine met en garde contre les dangers de ces médicaments qui augmentent les risques d’ulcères, d’infarctus, d’AVC.[9] On sait en effet depuis 2005 qu’ils multiplient par deux le risque d’infarctus du myocarde. [10] On sait également qu’ils augmentent la perméabilité intestinale. [11]

On n’oublie pas non plus les médicaments à base de paracétamol, n°1 dans les pharmacies françaises. Un des plus grands experts toxicologues du Canada, le Dr David Juurlink, a récemment émis un avis particulièrement inquiétant : « Si le paracétamol était mis sur le marché aujourd’hui, il ne serait pas autorisé à la vente. » [12] Une grande étude réalisée sur 3 ans dans les centres de transplantation hépatiques de sept pays européens avait pour but d’étudier le rôle des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) dans les transplantations hépatiques pour hépatites graves chez les adultes. Mais, à la surprise générale, les AINS ont été innocentés. Le responsable de plus de 90% des surdosages aboutissant à une transplantation hépatique est le paracétamol. « Mais il était également retrouvé fréquemment en-dehors de tout surdosage, avec une fréquence de survenue entre le double et le triple de celle des AINS. Le risque hépatique du paracétamol ne semble donc pas se limiter au seul surdosage », précise le professeur Nicolas Moore, pharmacologue au CHU de Bordeaux. [13]

Quand vous prenez ces médicaments antidouleurs, c’est donc tout sauf un geste anodin et il vaut mieux en avoir conscience.

Et qu’en est-il alors pour la mélatonine ?

Quand on voit la gravité des effets indésirables des médicaments contre la douleur vendus en France, on imagine qu’il doit y avoir de bonnes raisons pour encadrer aussi sévèrement la mélatonine.

Pourtant, quand on y regarde de près, ces raisons sont encore loin d’être évidentes.

Entre 2009 et 2017, l’ANSES indique avoir reçu 90 signalements concernant la mélatonine. Seuls 19 des 90 cas sont directement liés à la mélatonine. De plus, les personnes qui se sont plaints d’effets secondaires prenaient simultanément d’autres médicaments. On ne sait pas non plus si ces personnes ont respecté les conseils d’utilisation.

Sur la même période (2009-2017), il s’est vendu environ 10 millions de boîtes de mélatonine. Si on prend en compte ces 19 cas d’effets indésirables, il y aurait donc eu 0,00019 % d’effets secondaires liés à la prise de mélatonine. [14]

Naturellement, on voudrait pouvoir dire que le risque est égal à zéro. Toutefois, on est loin de la fréquence et de la gravité des effets indésirables liés aux médicaments antidouleurs prescrits par les médecins ou en ventre libre dans les pharmacies. On peut donc difficilement s’empêcher de penser qu’il y a, en France, deux poids et deux mesures s’agissant de l’évaluation des risques liés aux remèdes naturels et aux médicaments.

Si vous utilisez des solutions naturelles contre la douleur, n’hésitez pas à partager votre expérience ici afin d’en faire profiter toutes les autres personnes qui pourraient en avoir besoin.

Prenez soin de vous,

Léopold Boileau, Votre correspondant

* Je remercie le nutritionniste Julien Vénesson qui, à ma connaissance, a été le premier à parler en France des effets antidouleurs de la mélatonine.

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Sources

[1] Effect of Melatonin on the Severity of Pain and Quality of Life in Patients with Osteoarthritis of the Knee and Hip. Oksana Gumeniuk Mykola Stanislavchuk Olena Ostapchuk. Rheumatology, Volume 53, Issue suppl_1, 1 April 2014, Pages i131–i132, https://doi.org/10.1093/rheumatology/keu112.001. Published: 07 April 2014

[2] Song GH, Leng PH, Gwee KA, Moochhala SM, Ho KY. Melatonin improves abdominal pain in irritable bowel syndrome patients who have sleep disturbances: a randomised, double blind, placebo controlled study. Gut. 2005 Oct;54(10):1402-7.

Chojnacki C, Walecka-Kapica E, Lokieć K, Pawłowicz M, Winczyk K, Chojnacki J, Klupińska G. Influence of melatonin on symptoms of irritable bowel syndrome in postmenopausal women. Endokrynol Pol. 2013;64(2):114-20.

Mozaffari S, Rahimi R, Abdollahi M. Implications of melatonin therapy in irritable bowel syndrome: a systematic review. Curr Pharm Des. 2010;16(33):3646-55.

[3Peres MFP, Masruha MR, Zukerman E, et al. Potential therapeutic use of melatonin in migraine and other headache disorders. Expert Opin Investig Drugs. 2006;15(4):367–375. doi: 10.1517/13543784.15.4.367.

[4] Kurganova JM, Danilov AB. A role of melatonin in the treatment of low back pain. Zh Nevrol Psikhiatr Im S S Korsakova. 2015;4:30–35. doi: 10.17116/jnevro20151154130-35.

[5de Zanette SA, Vercelino R, Laste G, Rozisky JR, Schwertner A, Machado CB, Xavier F, de Souza IC, Deitos A, Torres IL, Caumo W. Melatonin analgesia is associated with improvement of the descending endogenous pain-modulating system in fibromyalgia: a phase II, randomized, double-dummy, controlled trial. BMC Pharmacol Toxicol. 2014 Jul 23;15:40.

Citera G, Arias MA, Maldonado-Cocco JA, Lázaro MA, Rosemffet MG, Brusco LI, Scheines EJ, Cardinalli DP. The effect of melatonin in patients with fibromyalgia: a pilot study. Clin Rheumatol. 2000;19(1):9-13.

[6Schwertner A, Conceição Dos Santos CC, Costa GD, Deitos A, de Souza A, de Souza IC, Torres IL, da Cunha Filho JS, Caumo W. Efficacy of melatonin in the treatment of endometriosis: a phase II, randomized, double-blind, placebo-controlled trial. Pain. 2013 Jun;154(6):874-81.

[7https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/10/15/mort-par-overdoses-d-opioides-la-france-aussi_5369749_1650684.html

[8http://www.ameli.fr/l-assurance-maladie/statistiques-et-publications/donnees-statistiques/medicament/medic-am-2008-2013.php

[9http://www.academie-medecine.fr/risques-cardiovasculaires-des-anti-inflammatoires-non-steroidiens-chez-le-sujet-age-recommandations-de-prescription-2/

[10Hippisley-Cox J, Coupland C. Risk of myocardial infarction in patients taking cyclo-oxygenase-2 inhibitors or conventional non-steroidal anti-inflammatory drugs: population based nested case-control analysis. BMJ 2005;330:1366.

[11van Wijck K, Lenaerts K, van Bijnen AA, Boonen B, van Loon LJ, Dejong CH, Buurman WA. Aggravation of Exercise-Induced Intestinal Injury by Ibuprofen in Athletes. Med Sci Sports Exerc. 2012 Jul 6.

[12https://www.theglobeandmail.com/life/health-and-fitness/health-advisor/why-our-faith-in-pain-killer-acetaminophen-isnt-always-justified/article26848738/

[13http://sante.lefigaro.fr/actualite/2011/11/25/16133-meme-faible-surdosage-paracetamol-est-dangereux

[14https://www.anses.fr/en/system/files/NUT2016SA0209.pdf