Toute sa vie, le cardinal de Richelieu a bataillé contre de terribles migraines.
Ses détracteurs disaient qu’elles étaient le prix qu’il payait pour ses mauvaises actions.
À l’époque, aucun médecin n’a pu percer le mystère des migraines du cardinal.
Mais l’histoire révèle que Richelieu gardait toujours sur lui une petite fiole remplie d’un liquide qui était le seul capable d’apaiser ses migraines.
Cette petite fiole renfermait de l’Eau de mélisse. Cet élixir légendaire soulagerait de nombreux maux. Et sa composition, longtemps gardée secrète, est aujourd’hui révélée.
Plante extraordinaire
Depuis l’Antiquité, la mélisse (Melissa officinalis) occupe une place centrale dans la pharmacopée traditionnelle.
Les Grecs, les Amérindiens et les Arabes utilisaient la mélisse pour apaiser les troubles nerveux et faciliter la digestion. Ils croyaient aussi à ses vertus pour la circulation sanguine et l’immunité. En usage externe, elle était appréciée pour ses propriétés cicatrisantes et contre l’herpès. Les herboristes ont souvent associé la mélisse à d’autres plantes, par exemple à la menthe poivrée pour combattre des troubles digestifs, ou à la valériane pour soulager les troubles nerveux.
Mais ce sont les moines carmélites qui, au XVIIe siècle, ont donné à la mélisse ses lettres de noblesse.
Une composition longtemps gardée secrète
Chaque couvent, chaque ordre religieux, avait à l’époque, son eau, ou son élixir, dont la recette était tenue secrète.
C’était le cas pour cette eau des Carmes à base de mélisse. Son origine remonte au XIIIe siècle lorsque Saint-Louis ramena de Terre sainte des religieux qui s’étaient réfugiés à Chypre pour fuir les Sarrasins. Ces moines appartenaient à un ordre fondé sur le mont Carmel, en Israël.
Les moines carmélites étudiaient les plantes médicinales et pratiquaient des guérisons. Lorsqu’ils se sont installés place Maubert, à Paris, puis rue de Vaugirard, où ils ont fondé en 1611 le couvent des Carmes, ils ont aménagé leur propre officine et ont commencé à commercialiser l’Eau des Carmes, un savant mélange composé de plantes médicinales et d’épices.
Pendant des siècles cette recette est restée secrète. Elle était seulement transmissible à un frère carme ou à un religieux, sous promesse. Mais ce secret a fini par être révélé.
Composez vous-même votre eau de mélisse
Pour élaborer votre eau de mélisse, versez, dans une cruche en grès, :
- 3 litres d’eau-de-vie à 33°,
- 500 g de feuilles et de fleurs de mélisse,
- 16 g de racines sèches d’angélique,
- et 125 g de zestes de citron.
Après avoir bouché la cruche, laissez macérer neuf jours en agitant chaque jour. Exprimez en passant la macération à travers un tissu fin. Remettez dans la cruche et ajoutez :
- 200 g de coriandre,
- 40 g de noix de muscade concassée,
- 4 g de cannelle fine concassée,
- et 2 clous de girofle.
Laissez macérer huit jours en agitant chaque jour. Passez et exprimez à travers un tissu puis ajoutez 350 g d’eau distillée. Laissez reposer 24 heures. Filtrez, mettez en bouteilles et bouchez-les.
Votre « Eau-remède » est prête
Pour soulager les migraines et les maux de tête, appliquez quelques gouttes d’Eau de mélisse sur une compresse et frictionnez votre front et vos tempes.
En usage interne, deux à trois gouttes d’eau de mélisse suffisent. Versez-les sur un sucre ou dans un verre d’eau. Ajoutez-les dans une tisane, un thé ou une infusion bien chaude.
Après un repas trop copieux, elle favorise la digestion. Dès les premiers frissonnements, elle vous défend contre le rhume. Avant d’aller vous coucher, l’Eau de mélisse vous aidera à vous détendre et et à vous endormir paisiblement.
Prenez soin de vous,
Léopold Boileau, Votre correspondant
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