Sans doute comme vous, je suis chez moi, confiné.

Je pense à vous alors je vous écris en me demandant comment vous allez. En espérant que vous tenez bon.

Et comme vous sans doute, je me pose ces questions :

Est-ce que ça va marcher ? Combien de temps cela va-t-il durer ?

Le temps a suspendu son vol.

Et le temps n’a jamais paru aussi précieux

Certains parmi nous n’en ont jamais eu aussi peu.

Je pense à tous ceux qui sont en première ligne pour combattre le coronavirus : les malades, les médecins, les infirmiers et tellement d’autres encore qui continuent leur activité malgré les risques pour pouvoir sauver des vies et subvenir à nos besoins en cette période de crise sans précédent.

Je pense aussi à tous ceux qui sont confinés chez eux et qui n’ont jamais trouvé le temps aussi long.

Les personnes âgées dans les établissements et qui sont privées de visites. Les personnes seules. Celles qui bloquées chez elles, s’inquiètent pour leur emploi. Celles qui s’inquiètent pour leurs proches. Ces enfants qui ne peuvent plus voir leurs camarades à l’école ou ailleurs.

Dans un cas comme dans l’autre, nous devons tenir bon et gagner du temps sur le coronavirus.

Face au coronavirus, le temps nous offre de nouvelles raisons d’espérer :

Bien sûr, il y a ces sombres décomptes des victimes du coronavirus qui glacent le sang, inquiètent et plombent notre moral.

Mais le temps nous apporte aussi ces lueurs d’espoir :

  • En Corée du Sud, au Japon, à Singapour, les gouvernements ont réagi plus vite que nous et ont pu ainsi mieux se préparer avec un renforcement de leurs capacités hospitalières, des dépistages de grande ampleur et des confinements ciblés. En agissant avec un temps d’avance par rapport à nous, ils ont obtenu de meilleurs résultats sans recourir à des mesures aussi drastiques que celles imposées chez nous.
  • Le 19 mars, aucun nouveau cas de coronavirus n’a été détecté dans la province du Hubei, là où l’épidémie a démarré. C’est une immense victoire mais cela ne veut pas dire que les Chinois ont gagné la guerre contre le virus. Des mesures strictes de contrôle, de diagnostic et de confinement ciblé sont toujours en vigueur et personne ne sait combien de temps elles vont durer. Mais peu à peu, la vie reprend dans l’Empire du Milieu. (1)
  • A Vo’ Euganeo, premier village confiné fin février en Italie, les contagions ont disparu après 15 jours de quarantaine stricte et respectés à la lettre par les habitants du village. (2)
  • Le Plaquenil, une molécule d’hydroxychloroquine, également utilisée depuis des décennies dans les maladies auto-immunes de type lupus ou polyarthrite rhumatoïde, pourrait en effet avoir un effet sur la disparition du virus, a indiqué lundi le professeur Didier Raoult, directeur de Institut Hospitalo-Universitaire de Marseille. Selon cette étude menée par le professeur Raoult sur 24 patients atteints du coronavirus, six jours après le début de la prise de Plaquenil, le virus avait disparu chez trois quarts des personnes traitées. (3)

Chaque seconde compte

Face au coronavirus, le confinement lorsqu’il est appliqué à la lettre permet de limiter le nombre de cas et le nombre de victimes.

Surtout, le confinement permet de gagner du temps dans une période où il n’a jamais été aussi précieux.

Chaque seconde compte. Pour prendre soin des malades. Pour apprendre à mieux connaître notre ennemi. Pour mieux nous préparer aux prochaines vagues d’épidémie. Pour découvrir un vaccin ou un traitement qui va nous permettre de mieux nous défendre. Alors tenez bon.

Gagnons du temps. Restons chez nous. Isolés. Ensemble.

Prenez soin de vous et des autres,

Léopold Boileau, Votre correspondant

P.S. : voici un cadeau qui vous rappellera peut-être de lointains et agréables souvenirs d’enfance, sur les bancs de l’école :

Le Lac

Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,

Dans la nuit éternelle emportés sans retour,

Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âges

Jeter l’ancre un seul jour ?

Ô lac ! l’année à peine a fini sa carrière,

Et près des flots chéris qu’elle devait revoir,

Regarde ! je viens seul m’asseoir sur cette pierre

Où tu la vis s’asseoir !

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,

Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,

Ainsi le vent jetait l’écume de tes ondes

Sur ses pieds adorés.

Un soir, t’en souvient-il ? nous voguions en silence ;

On n’entendait au loin, sur l’onde et sous les cieux,

Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence

Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre

Du rivage charmé frappèrent les échos ;

Le flot fut attentif, et la voix qui m’est chère

Laissa tomber ces mots :

” Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !

Suspendez votre cours :

Laissez-nous savourer les rapides délices

Des plus beaux de nos jours !

” Assez de malheureux ici-bas vous implorent,

Coulez, coulez pour eux ;

Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;

Oubliez les heureux.

” Mais je demande en vain quelques moments encore,

Le temps m’échappe et fuit ;

Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l’aurore

Va dissiper la nuit.

” Aimons donc, aimons donc ! de l’heure fugitive,

Hâtons-nous, jouissons !

L’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive ;

Il coule, et nous passons ! “

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d’ivresse,

Où l’amour à longs flots nous verse le bonheur,

S’envolent loin de nous de la même vitesse

Que les jours de malheur ?

Eh quoi ! n’en pourrons-nous fixer au moins la trace ?

Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !

Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,

Ne nous les rendra plus !

Éternité, néant, passé, sombres abîmes,

Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?

Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes

Que vous nous ravissez ?

Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !

Vous, que le temps épargne ou qu’il peut rajeunir,

Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,

Au moins le souvenir !

Qu’il soit dans ton repos, qu’il soit dans tes orages,

Beau lac, et dans l’aspect de tes riants coteaux,

Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages

Qui pendent sur tes eaux.

Qu’il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,

Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,

Dans l’astre au front d’argent qui blanchit ta surface

De ses molles clartés.

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,

Que les parfums légers de ton air embaumé,

Que tout ce qu’on entend, l’on voit ou l’on respire,

Tout dise : Ils ont aimé !

Alphonse de Lamartine – Les Méditations poétiques

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Sources

 

1 http://www.rfi.fr/fr/asie-pacifique/20200319-coronavirus-aucun-nouveau-cas-origine-locale-chine

2 https://www.letemps.ch/monde/vo-euganeo-contagions-ont-disparu?base=647&campaignId=1101648&segmentId=1112323&shootId=1147833

3 https://www.lefigaro.fr/societes/coronavirus-sanofi-offre-de-l-anti-paludique-plaquenil-pour-traiter-300-000-malades-20200318